« Anormaux, nuisibles et superflus » : les triangles roses – Chantal Clergue

Dans l’entre- deux-guerres, comme Paris et Londres, Berlin est une ville libre, détachée de beaucoup de préjugés moraux. On y trouve des lieux de rencontres spécifiques, des bars, des clubs et des dancings fréquentés par les homosexuels.

Hitler, devenu chancelier du Reich le 20 janvier 1933, promulgue le 28 février le décret pour « la protection du peuple et de l’État. » En effet, dans la nuit du 27 au 28 février, le Reichstag est incendié par un jeune sympathisant communiste et homosexuel, manipulé par les nazis, Marinus Van der Lubbe. C’est le prétexte qu’attendait Hitler pour suspendre toutes les libertés civiles et politiques établies par la Constitution. En mars, les premiers camps de concentration sont ouverts et ils fonctionnent rapidement. Puis, le 30 juin 1934, survient « La Nuit des longs couteaux », une opération qui permet à Hitler, Himmler et Göring d’éliminer les SA et leur chef de file, Ernst Röhm, sous couvert de « débauche homosexuelle. » Continuer la lecture de « Anormaux, nuisibles et superflus » : les triangles roses – Chantal Clergue

[Résistants] Cluny et ses rues : des noms pour se souvenir – Léa Aujal, Clara M et Chantal Clergue

Et vous, connaissez-vous les rues Cluny, celle de Robert Lenfant, de Jacques Guéritaine ou de George Malere ? Jeudi 30 décembre, nous voici embarquées toutes les trois dans la voiture d’Annie Dufy… quel périple ! Il nous faut même l’aide du GPS pour en trouver certaines et celle de George Malere a disparu !  Continuer la lecture de [Résistants] Cluny et ses rues : des noms pour se souvenir – Léa Aujal, Clara M et Chantal Clergue

[Correspondance] Traduction de la lettre de Marie-Louise Zimberlin – Romane Plattier

Lettre de MLZ, Ravensbrück, juin 1944Mes très chers, je n’ai encore aucune nouvelle de vous, je me porte bien. Je peux recevoir des gros ou des petits colis, autant que je veux et de qui je veux, mais vous ne devez pas vous laissez mourir de faim pour moi. Faites les passer par le service de la Croix-Rouge mais prenez ce qu’il reste (comme nourriture) chez moi. Je suis heureuse de savoir qu’Iseau est à Lyon chez la fleuriste, les deux s’entendent bien. Comme ce serait bien de tous vous revoir. Je vous embrasse très fort et vous remercie vraiment du fond du cœur. Envoyez moi s’il vous plaît du dentifrice, du savon et de la nourriture, rien qu’il faille faire cuire.

L. Zimberlin

[Re]lire l’article de Chantal Clergue « [MLZ] Cette sœur qui lui manque tant, Babé et Mimi ».

Traduction par Romane Plattier – Seconde

[Portrait] Un camp particulier : l’internement à Saint-Denis – Soizic Delsalle

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© Soizic Delsalle. Daniel Commins dans sa maison de Berzé-le-Châtel (71). Il est aujourd’hui un acousticien de renommée mondiale. Il a participé à la construction de nombreux édifices liés à la musique.

Ses parents sont tous les deux nés à Liège en Belgique et ils sont Juifs. Son père est de nationalité anglaise et sa mère d’origine polonaise. Ils étudient à Liège dans les années 30 et c’est là qu’ils se rencontrent. Son père travaille en Belgique dans une entreprise de sidérurgie (zinc, cuivre) qui se nomme « La Vieille Montagne. » Daniel a une sœur aînée, née en 1939 et elle aura donc la nationalité britannique.

En mai 1940, la famille reçoit un appel de l’ambassade britannique  les prévenant que les Allemands envahissent la Belgique. Il leur est alors conseillé de déménager du côté de la Belgique où les Allemands n’étaient pas encore parvenus. Quelques jours plus tard, nouvel  appel  leur disant de quitter définitivement le territoire belge, alors que Mme Commins est enceinte de 8 mois de leur deuxième enfant, Daniel. Aussi, ils décident  de partir à pied jusqu’à la frontière belge qu’ils passent sans trop de difficultés. Leur fuite les entraîne jusque dans l’Aveyron -département situé au sud du massif central- dans la zone libre. C’est là que Daniel nait le 24 mai 1940 à la fin de la semaine qui  suit leur arrivée à Capdenac. Continuer la lecture de [Portrait] Un camp particulier : l’internement à Saint-Denis – Soizic Delsalle

[Visite] Mémorial National de la prison Montluc – Frédérique Boissard

Mercredi 13 janvier, des élèves du lycée la Prat’s sont allés visiter le Mémorial National de la prison Montluc à Lyon. Cette visite avait lieu dans le cadre projet « Matricule 35 494 », projet interdisciplinaire qui invite les élèves à travailler sur l’histoire de la Shoah et de la déportation. Les élèves étaient accompagnés en particulier d’Annie Dufy, présidente du comité d’entente des associations patriotiques du clunisois, et de M. René Pernot, lui-même emprisonné à Montluc à l’âge de 16 ans, avant d’être déporté à Buchenwald.

Après la visite, les élèves ont pu écouter le témoignage de Jean Nallit, ancien résistant et Juste parmi les nations qui a lui aussi été enfermé à Montluc après avoir été arrêté et torturé par la Gestapo. Il sera de là déporté à Buchenwald. Continuer la lecture de [Visite] Mémorial National de la prison Montluc – Frédérique Boissard

[Camps] L’internement en France 1939-1946 : des camps pour les « indésirables » – Chantal Clergue

En France, dès 1939, des milliers d’hommes et de femmes furent internés en France : des Juifs (100 000), des réfugiés espagnols et des interbrigadistes (350 000), des « ressortissants des puissances ennemis » (40 000), des Tsiganes (3 000), des politiques (15 000), des droits-communs et des trafiquants du marché noir1. Puis, à partir de 1942, pour 75 000 Juifs, ces camps deviennent les antichambres de la déportation, les gouvernants français acceptant, comme le souligne l’historien Denis Peschanski, « d’imbriquer la politique d’exclusion antisémite qui était la leur dans la politique de déportation qui était celle des Allemands2. »
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[Portraits] Marta et Albert : Histoire d’un amour fou, brisé par la guerre – Amanda Condemine

La Seconde Guerre mondiale fut, comme toutes les guerres, une sombre période pendant laquelle beaucoup de vies ont été brisées et de nombreuses familles séparées.

C’est le cas de Marta, jeune femme suisse allemande, qui a connu son premier grand amour, Albert Schmitt (1915-1944), chez elle en Suisse. En 1940, Albert est en effet réfugié en Suisse, son régiment venant d’essuyer une attaque allemande. Lors d’une fête de village, les deux jeunes gens se rencontrent et tombent éperdument amoureux. Ils se fiancent très vite. Très épris l’un de l’autre, main dans la main, ils arpentent les versants suisses et ont toutes les peines du monde à se quitter. Continuer la lecture de [Portraits] Marta et Albert : Histoire d’un amour fou, brisé par la guerre – Amanda Condemine

[Mémoire] « Si c’est un homme » – Léa, Ambre et Clara

Léa Aujal, Ambre Dewaele et Clara M ont souhaité rassembler différentes générations autour d’un même sujet pour ne pas oublier l’horreur subie par les déportés.

À partir du livre « Si c’est un homme » de Primo Levi elles ont sélectionné des passages marquants puis les ont écrits sur des pancartes. Léa, pratiquant la photographie, a immortalisé élèves, professeurs et sympathisants accompagnés de ces écriteaux.

[Portrait] Sabine Zlatin – Adélie Terrier & Cloé Fougerard

Sabine Chwast naît le 13 janvier 1907 à Varsovie, dans une famille juive aisée. Vers 1925, elle arrive en France à Nancy. Avec l’aide d’un professeur de l’Université de Nancy, elle obtient une carte de séjour, commence des études en Histoire de l’art et obtient « Un Diplôme Élémentaire de Langue Française » de l’Alliance française en 1927. À l’Université de Nancy Sabine fait la connaissance de Miron Zlatin, jeune étudiant juif de Russie qui termine ses études d’ingénieur agronome et obtient en novembre 1927 un statut de « réfugié russe » lui permettant de résider en France durablement. Le 8 octobre 1928, Sabine et Miron se marient religieusement en Pologne, à Varsovie. Continuer la lecture de [Portrait] Sabine Zlatin – Adélie Terrier & Cloé Fougerard

[Interview] Matricule 60332 ou « Les orphelins de la Saint-Valentin » – Camille Lachal

première de couvertureMarie-Madeleine Viguié-Moreau est issue d’une famille Clunisoise de 6 enfants, dont le père, Claude Moreau, négociant de vin, est entré en résistance pendant la 2nde guerre mondiale. Le 14 février 1944 a lieu à Cluny, haut lieu de résistance, une arrestation visant tous les résistants clunisois par la Gestapo. Claude Moreau fut arrêté et déporté au camp de Mauthausen en Autriche et n’en revint jamais. En 2004, après de nombreuses hésitations, Mady Viguié-Moreau publie son livre « Les orphelins de la Saint-Valentin » où elle nous livre ses souvenirs d’enfant ainsi que sa vie de jeune femme, de mère puis de grand-mère. Continuer la lecture de [Interview] Matricule 60332 ou « Les orphelins de la Saint-Valentin » – Camille Lachal

[Déportation] Ravensbrück : « Je n’ai plus rien. Mon crâne, mon corps, mes mains sont nues. » – Chantal Clergue & Jasmine Denogent

« Nous formulons le vœu que nos enfants veuillent considérer l’existence libre des êtres humains comme valeur suprême, que le droit à la vie, le droit à la dignité personnelle et le droit à la liberté ne puissent plus jamais être violés. Dans la coexistence des peuples, l’égalité sociale et la justice doivent remplacer toutes les aspirations à la domination1. »

Parties de Romainville le mardi 18 avril 1944, les Clunisoises arrivent au KL2 Ravensbrück le samedi suivant. Il leur a fallu rallier- en passant par Sarrebruck- la gare de Fürstenberg en wagon, puis marcher jusqu’au camp. Continuer la lecture de [Déportation] Ravensbrück : « Je n’ai plus rien. Mon crâne, mon corps, mes mains sont nues. » – Chantal Clergue & Jasmine Denogent

La Shoah vue du Portugal • Partie 1 – Morgane Tomé

Avant d’en arriver à la Shoah, je dois vous parler au préalable du contexte dans lequel le Portugal se trouve lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate.

Le Portugal vit au début du XXe siècle une grande instabilité dans tous les domaines et le pays souffre d’une grave crise économique depuis quelques années. Avec 5,5 millions d’habitants et une population majoritairement analphabète le pays stagne… Continuer la lecture de La Shoah vue du Portugal • Partie 1 – Morgane Tomé

[Spoliation] Vidéothèque CNRS : Les Camps oubliés de Paris

Sarah Gensburger, sociologue de la mémoire à l’Institut des Sciences sociales et du Politique, nous raconte l’histoire oubliée des camps de travail de Paris, annexes de Drancy. Dans le cadre de l’Opération Meuble, vaste entreprise de spoliation mise en place par les nazis, trois bâtiments parisiens sont réquisitionnés entre 1943 et 1944. Durant cette période, des détenus de Drancy y sont transférés afin de travailler au tri, au nettoyage et à la réparation des biens pris dans 38 000 appartements juifs de Paris. La chercheuse évoque le difficile travail de remémoration lié à cette histoire.

Source : Vidéothèque CNRS : Les Camps oubliés de Paris