Que se passe-t-il derrière une caméra ?

De Maël Bret, le 22/05/2019

Comment parvenir à transmettre des gestes de cinéma et une idée du cinéma en si peu de temps ?
Le but de cet atelier est de transmettre aux élèves quelque chose du rapport à autrui qui se pose continuellement durant le processus de création d’un film.

Comment obtenir l’émotion recherchée chez un acteur ou une actrice, et de surcroît débutant.e ? Comment tourner une scène dans le respect des
différents rôles et fonctions de chacun ? Comment faire des choix au montage à plusieurs ? Quand déterminer qu’une scène commence, à partir de quand devient-elle image, et de quelle manière une image peut-elle nous échapper ?

Une certaine idée du cinéma

Au départ, pour les élèves, le mot cinéma rimait avec industrie, pour d’autres avec divertissement, pour d’autres avec curiosité, ou encore avec famille.
Mon rôle en tant qu’intervenant extérieur fut simplement de leur  baliser un terrain de jeu leur permettant de mettre en scène des personnages de leurs choix.

Parmi les choix, celui des acteurs

Les images qui en découlent ressemblent fort aux balbutiements d’un travail entre un réalisateur et des comédiens. Le résultat est parfois un peu rude, mais tend à se rapprocher d’un exercice de casting, une étape à la fois précieuse et douloureuse aussi bien pour les cinéastes que les acteurs qui se retrouvent confrontés à devoir créer quelque chose à partir de presque rien, ou sinon entièrement d’eux-même. Il s’agit du moment où une scène fantasmée se retrouve happée par l’interprétation, et où les acteurs, à
blanc, se révèlent.

Ici, il n’est pas question de dialogues que j’ai donné à faire jouer. Chaque élève a eu comme consigne de remplir individuellement une fiche qui comportait une série de questions sur leurs aspirations, et sur de possibles antagonismes qui les constituaient, avant d’être invité à s’essayer devant les caméras. Les plus timides d’entre-eux, mais non moins impliqués, ont préféré filmer.

Pour le montage, une partie de la classe a été répartie par groupe de trois élèves, disposant chacun d’une
partie des rushes produit par leurs camarades, et dont ils n’avaient pas assisté au tournage pour la plupart.

Modèles collectifs

Quelque part, chacun de ces petits tests est révélateur de notre inconscient collectif, de mes propres désirs et craintes, comme de leurs imaginaires et références non moins surprenantes pour des collégiens du XXIe
siècle.

Un certain nombre d’entre eux ont répondu à la question « Quel est ton acteur préféré ? »,  Louis de Funès …  Ou  « À qui voudrais-tu le plus ressembler ? » Sylvester Stallone…  Ou  « À qui ne voudrais tu surtout
pas ressembler » : Hitler et Staline…  que certains ont subitement caricaturés.

Une preuve que le cinéma est loin d’avoir déserté les foyers et joue encore son rôle de transmetteur générationnel.

 

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