Compte rendu voyage à Tielt
Dans le cadre du projet « Mémoires croisées des héros anonymes de la Première Guerre Mondiale », un échange a été organisé entre nous, élèves du lycée International Charles de Gaulle et des élèves du lycée de Tielt, en Belgique. Ce projet a été labellisé Mission du Centenaire, et ont travaillé autour de celui-ci les lycées Bohumila Hrabala de Nymburk en République Tchèque, Handelsinstituut Regina Pacis de Tielt, le lycée 1468 de Moscou et donc le lycée International Charles De Gaulle de Dijon. 16 élèves de Tielt ont d’abord été accueillis dans notre lycée du 2 au 4 mai dernier, et 17 élèves Français se sont ensuite rendu à Tielt du 17 au 19 octobre. Cet échange avait un double objectif : tout d’abord culturel, car chaque élève logeait chez son correspondant et toutes les activités se faisaient avec l’ensemble des étudiants, mais aussi historiographique car il nous a permis d’échanger sur les travaux réalisés, de découvrir des archives et des sites mémoriaux, notamment en rapport avec la Première Guerre mondiale. Il a permis, au-delà même du projet, de se pencher sur l’histoire commune de nos deux régions que sont la Bourgogne et les Flandres.
Le voyage en Belgique a débuté par la visite guidée de Bruges, dite ‘la Venise du Nord », où nous avons notamment pu voir les tombes de Charles le Téméraire et Marie de Bourgogne témoignant justement d’une histoire commune entre nos deux régions. En effet, nous avons pu apprendre que Marie de Bourgogne, fille du Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, a eu une influence cruciale dans l’histoire de Bruges, et spécifiquement pendant la révolte des Pays-Bas bourguignons, dont Bruges faisait partie. Le lendemain, la mairie de Tielt nous a ouvert ses portes et nous avons eu accès à des documents des archives municipales concernant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Ceux-ci montraient notamment les bombardements qu’a connu la ville lors de la Seconde Guerre mondiale. Ont également été porté à notre connaissance des documents sur les soldats Dijonnais qui sont morts sur les champs de batailles de Flandres durant ce même conflit. Nous avons ainsi pu étudier la correspondance des familles des soldats avec l’administration de l’époque. Une fois de plus, nous devons souligner le remarquable travail effectué par le lycée de Tielt, ici en ce qui concerne les recherches sur les soldats Dijonnais décédés aux alentours d’Ypres. Nous avons ensuite visité la ville de Tielt ainsi qu’un musée de la ville sur la Première Guerre Mondiale, où les combats et l’occupation allemande étaient racontés et expliqués ainsi que le front et son évolution, matérialisé par différentes maquettes. Sur la route d’Ypres, nous nous arrêtons pour voir le « Caterpillar », un gigantesque cratère creusé à la suite d’une explosion de mines au début de la bataille de Messines, en 1917, près d’Ypres. Nous visitâmes ensuite à quelques kilomètres de la ville Tyne Cot Cemetery où reposent les soldats Britanniques mais aussi Belges ou encore Allemands qui ont combattu sur les lieux où les batailles les plus sanglantes pour les multiples tentatives de prises de la ville d’Ypres se sont déroulés. Ce lieu est chargé en émotion, encore aujourd’hui. En y entrant, le sacrifice de milliers de soldats étrangers nous est apparu, nous montrant l’immense douleur d’une génération entière passée à travers les mailles de la guerre. Notre après-midi fût marquée par la visite en « géocaching » de la ville d’Ypres. De manière ludique, nous avons pu observer les aspects historiques de cette ville. Durant la Première Guerre mondiale, la ville se situait au centre du saillant d’Ypres, et fût le théâtre de batailles extrêmement sanglantes (c’est lors d’une d’elle que fût pour la première fois utilisé le gaz moutarde). Nous avons aussi pu voir que durant cette guerre la majestueuse cathédrale fût en partie détruite… Enfin, nous avons assisté à la cérémonie du « Last Post » à la porte de Ménin. Nous avons tous été très étonné de voir le poids du souvenir en Belgique. Celle-ci se déroule tous les soirs, et commémore le sacrifice des soldats britanniques aux alentours d’Ypres durant le conflit. Chaque soir, la commémoration est noire de monde, et chaque soir de nombreuses personnes, de tout âge et de tout métier viennent déposer des gerbes en l’honneur des soldats tombés sur les champs de bataille. Notre dernière journée en Belgique fût caractérisée par une matinée passée en cours parmi nos correspondants, ultime moment d’échange d’un voyage fort en découverte.
Cet échange avec le lycée Handelsinstituut Regina Pacis de Tielt a donc été d’une grande richesse pour l’ensemble des participants. Nous avons pu nous remémorer l’étendue du sacrifice humain qu’a représenté la Première Guerre mondiale. À travers les frontières, l’objectif des soldats, qu’ils soient Français, Belges ou Britanniques, fût de défendre un idéal, une patrie, une famille. Le poids du souvenir est autrement plus important en Belgique qu’en France, comme nous avons pu l’observer lors de la cérémonie du Last Post. Au-delà de l’enrichissement culturel qu’a représenté ce voyage, il fût pour nous l’occasion de nous rendre compte de la hauteur des actes que ces hommes ont émis. Et nous conclurons avec les mots suivants placés sur la Pierre du Souvenir dans chaque cimetière anglo-saxon de la Première et de la Seconde Guerre mondiale : « Their name liveth for evermore », leur nom est vivant pour l’éternité.
Le compte rendu a été fait par Nicolas Rigaudière et par Arthur Haberstrau