Un pied, puis l’autre. Notre respiration s’arrête. Seule entrée. Pas d’alternative. Serré entre ces blocs de marbre noirs de lettres. Un pas. C’est dur.
On se fige. Les lettres germent en nom. On en lit un, peut-être deux. Il y en a trop. Comment ne pas les voir ? Comment tous les lire ?
Difficilement, on piétine. On regarde ses pieds. Non. C’est ainsi qu’on se cogne. Et les yeux se relèvent.
Pause. Un nom au hasard. Le lire, l’imaginer, l’identifier. Le multiplier. Non. On ne peut remplir des murs avec un seul nom.
Notre marche reprend. On aimerait s’enfuir. Impossible. Pas à pas… Les yeux fuient sur les murs. On ne lit plus les noms. On ne les compte même pas.
On progresse, lentement. Et le poids de l’Histoire reste pourtant le même.
Ces noms nous scrutent. Ils nous encerclent. On ne fait que passer.
C’est la fin du couloir. Une nouvelle porte s’ouvre. Libre de tout mouvement, on revient au présent. L’Histoire est un passage obligé.
Lourde, leur présence dans le marbre ressurgira, pour toujours gravée dans notre mémoire.
Arthur Doré-Fruchard
Méconnaître l’Histoire, c’est se condamner à la répéter. Respect pour le courage de ces jeunes qui ont touché ce côté obscur de l’humanité, et font des liens avec le présent.