Le 26 janvier dernier, les neuf intrépides volontaires du projet Matricule, accompagnés par leurs courageux enseignants, partaient en bus à la conquête du Plateau malgré l’alerte orange neige et verglas annoncé en Haute-Loire. Une fois les valises et costumes dans la soute, Adrien, Louise, Cloé, Marie, Rivka, Marie, Nathan, Thomas et Allan ainsi que leurs encadrants, F. Boissard, B. Colin, C. Chauvot menés par la CPE C. Clergue embarquèrent et remirent leur vie entre les mains expertes de leur chauffeur : Marc.
Après quelques heures de route, un appel informait nos héros de l’interdiction formelle aux transports scolaires de circuler à causes des fortes chutes de neige dans les hauteurs du Plateau. Certains diront téméraires, d’autres diront courageux, ils ne s’en laissent pas conter et ne font pas demi-tour pour autant. Après tout, et comme le dit si bien C. Clergue : « Nous ne sommes pas « scolaires », nous sommes « para-scolaires », nous sommes dans la légalité ! » Rien ne l’arrête, et sûrement pas «un petit peu » de neige…
Nous voilà vers St-Étienne, et déjà, voilà que la neige se révèle dans toute sa splendeur. Dépaysants pour les petits bourguignons de basse-montagne que nous sommes, les quelques centimètres de neige présents sur les toits donnent à la ville une atmosphère assez féerique. Mais la circulation se ralentit et nous voyons déjà les ennuis arriver tout droit sur nous : la neige, la vraie.
Au fur et à mesure que nous avançons, les voitures sont de moins en moins nombreuses et certaines sont même échouées sur le bord de la route, en attente de conditions plus clémentes. En effet, les chutes de neige se renforcent et les vents sont violents. La route n’est plus qu’une pâle traînée de neige, dont la couche retirée par l’automobiliste précédent est immédiatement remplacée. Soudain, on se questionne, n’aurait-on pas mieux fait de faire demi-tour ? Infatigable, C. Clergue rassure les troupes et assure avec conviction notre présence à la commémoration du lendemain à la mairesse du Chambon qui tentait de la persuader que nous allions droit à …l’inévitable sûrement.
L’inquiétude monte mais notre chauffeur maîtrise parfaitement son véhicule, l’espoir est encore permis. Soudain, on quitte les routes principales et voilà que l’angoisse revient. Auparavant, rouler sur la neige était encore « facile » mais à présent, nous devons prendre en compte l’étroitesse ainsi que la sinuosité des routes de montagne du Plateau. Le croisement devient compliqué :« Si on s’arrête, on repart plus ! ». Très rassurant. Cloé devient livide et répète en boucle à qui veut l’entendre : « Non mais j’aime bien la neige … Ce que j’aime pas, c’est de devoir rouler dessus… ». Nous traversons les villages sous la neige, doucement. Plus nous avançons, plus le nombre de centimètres de neige augmente. C’est impressionnant. Le Chambon-sur-Lignon, à peine reconnaissable sous son demi-mètre de neige, prend à jamais un tout autre visage.
Dans une petite montée campagnarde, nous croisons une voiture… qui ne se pousse pas pour nous laisser passer. C’est le drame ! Le bus est contraint à l’arrêt et se met à légèrement glisser. Cloé reprend sa litanie, C. Clergue peste (et prend des photos) et les compagnons nichés au fond du bus viennent à l’avant, grappiller des informations réconfortantes. Heureusement, Marc, c’est un chauffeur au poil. Il reprend le contrôle de la situation et parvient à nous en extirper. L’issue du voyage n’est plus très loin, à présent (ou presque).
Toutefois, nos valeureux Clunisois ne sont pas encore sortis d’affaire. Dans la nuit, et sous la masse de neige qui ne cesse d’augmenter, toutes les routes se ressemblent et ils manquent plusieurs fois de se perdre dans ce dédale de blancheur immaculée.
Enfin, les voilà qui arrivent, sains et saufs mais non sans mal, à leur logement : La Costette! C’est la directrice de l’hébergement et son chien qui nous accueillent avec le sourire. Ceux parmi nous qui ont prévu, ne serait-ce qu’un minimum cet amas de neige, enfilent avec soulagement leur bottes de neige, mais tous gambadent joyeusement dans la neige. Ravis d’être enfin arrivés et, -nous n’allons pas nous mentir-, ravis d’être toujours en vie, chacun sort ses affaires de la soute, et toute la troupe se dirige avec entrain vers la salle à manger… Et oui, les aventures, ça creuse !
Le ventre plein et forts de toutes ces émotions, notre groupe se scinde et chacun rejoint sa chambre. Néanmoins, celles-ci donnant sur l’extérieur, les joyeux lurons que nous sommes ont vite fait de se retrouver à se rouler dans la neige, trop heureux.
Une dernière répétition au coin du feu et nos Matricules s’en vont rejoindre les bras de Morphée, afin d’être en forme pour le grand jour.
Le lendemain, réveillés aux aurores par un vent mugissant, chacun se retrouve à la table du déjeuner. La couche de neige a encore augmenté et on est inquiet pour le bus. En effet, celui-ci a été enterré sous la montagne de neige. Nous voilà sans véhicule pour rejoindre le mémorial du Chambon !
Heureusement, nos valeureux combattants ne sont jamais à cours de ressources ! Bien vite, notre chauffeur -expert, je vous le disais- Marc prend la situation en main et s’acharne, avec l’aide de B. Colin, à sortir son bus de cette mer de neige. Il s’agit d’abord de décoincer le car afin de lui permettre d’avancer de nouveau et de faire un demi-tour. Après de longues heures de labeur, ils réussissent enfin à mettre une chaîne sur le bus. C’est le moment du demi-tour. Malgré quelques patinages, notre beau bus vert est finalement dans la bonne direction.
Toutefois, nous sommes loin d’être sortis d’affaire… Il reste l’autre chaîne à installer et ce n’est pas une mine affaire ! Bon nombre d’entre mettent d’ailleurs la main à la pâte : F. Boissard, C. Clergue, Cloé, le cuisinier et la gérante, Marie, Rivka…
Enfin nous partons ! Grâce à la ténacité de nos deux héros du jour, le bus est prêt, dans la bonne direction, et en état de marche !
Mais cet état euphorique ne saurait durer… Notre élan victorieux est coupé net, lorsque, après seulement 50 m parcourus, nous perdons pathétiquement une chaîne.
Mais rien n’arrête nos valeureux héros. Comme la route est à présent presque atteinte, Marc décide d’ôter la deuxième chaîne et nous repartons, cette fois-ci pour de bon !
Habitués qu’ils sont à ce genre de situation, les routes sont parfaitement déneigées et la conduite donc très sûre. Marc nous amène ainsi sans encombre à notre destination que nous pensions bien ne jamais atteindre !
Voyons le bon côté des choses, nous aurons au moins fait l’animation des gens du coin !
Nous voici maintenant enfin, et entier, au lieu de mémoire du Chambon. Chacun enfile son costume, révise une dernière fois ou tente tout simplement d’oublier son trac.
La répétition générale est écourtée par l’arrivée du public. Vite ! Les Matricules se réfugient tous dans les coulisses le temps des traditionnels discours dont un est officié par Frédérique Boissard, professeur de philosophie. Notre public est d’ailleurs -autant que nous- secoué par les intempéries : malgré la présence des braves gens du village, René Rivière (neveu de Dora Rivière que nous avions rencontré en octobre) et quelques autres courageux, on note beaucoup d’absents. mais ce n’est pas grave !
Enfin, c’est à nous. Voici notre occasion de présenter ce sur quoi nous travaillons sans relâche depuis 6 mois, les comédiens entrent en scène… Place au théâtre !
Adrien présente le projet, attablé à son pupitre, puis Nathan, en tant que Prologue, nous présente la pièce.
Rivka (Dora Rivière) témoigne de sa vie avant de laisser la parole à Marie (M-L Zimberlin) qui nous raconte également son histoire.
Vient le tour de Cloé, qui représente une déportée anonyme, de nous déclamer le poème d’une autre résistante pour témoigner de l’enfer de Ravensbrück et de tous les camps. Ensuite, chacun vient nous réciter une citation au sujet de nos deux héroïnes, Dora et Marie-Louise, afin de rappeler combien elles étaient courageuses et valeureuses.
Rivka nous raconte la libération des camps et Marie nous lit la lettre écrite par M-L Zimberlin dans le train qui la ramenait dans sa patrie, peu avant de mourir.
Deux bougies sont posées par Christelle Chauvot (documentaliste au lycée) et Perrine Barriol (habitante du Plateau dont l’aide nous a été précieuse, petite-nièce de Dora Rivière ) sur le banc, aux places vacantes laissées par Dora et Marie-Louise, dans le but de leur rendre hommage.
Notre pièce se clôt avec Marie (l’autre Marie), nous livrant un poème qu’elle a elle-même écrit au sujet de la suite de la vie de Dora Rivière.
Fiers, nos Matricules peuvent enfin saluer sous les applaudissements d’un public qui a l’air réellement ému.
S’ensuivent ensuite de longues rencontres et discussions entre les Clunisois et un public qui tient à féliciter chaleureusement chacun de sa prestation. C’est trop d’honneur et d’émotions et nombreux sont les Matricules qui préfèrent se réfugier auprès du buffet, gênés par tant de gentillesse.
Une fois tout ce beau monde parti, nous nous dirigeons, affamés, vers une salle réservée pour savourer notre repas du midi. Une fois celui-ci englouti, c’est l’heure du départ. À présent les routes sont sûres et nous rentrons… sereins mais épuisés.
Alors, oui, p’têtre ben que l’autre groupe aura été à Paris, p’têtre ben qu’ils auront pu rencontré la ministre… Mais nous aussi nous avons vécu une aventure ! Une vraie de vraie ! Nous avons vu la neige, et pas en petites quantités, mais nous avons finalement, envers et contre tout, joué notre pièce devant un public et nous n’aurions pas pu rêver mieux.
Très bon texte. Il montre bien votre périple est votre engagement pour ce moment de commémoration.
Tous les retours que nous avons eu ont été élogieux et votre travail a été salué par toutes les personnes présentes.
Encore bravo et merci !
Merci Marie d’avoir aussi bien relaté nos aventures ! Et quelles aventures !!!
Nous en garderons un souvenir…inoubliable !!!