Mireille Philip, née Cooreman, était une protestante active au sein du Plateau. En 1924, elle épouse André Philip, protestant, socialiste et démocrate, avec qui elle aura cinq enfants. André, député socialiste du Rhône à partir de 1936, fait partie des quatre-vingts parlementaires qui refusent de voter les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 Juillet 1940.
Le couple décide alors de s’installer au Chambon-sur-Lignon, pour leur propre sécurité et afin d’organiser des conférences et des études bibliques dénonçant la politique du régime de Vichy. En été 1942, ils parviennent à envoyer leurs enfants aux Etats-Unis et André Philip quitte la France occupée pour rejoindre le général de Gaulle à Londres, où il se chargera notamment des liens avec la résistance en France.
Mireille, quant à elle, reste au Chambon-sur-Lignon et devient membre de la CIMADE, organisation protestante qui œuvrait pour résister au déploiement du nazisme et sauver les réfugiés. Aidée par le pasteur Theis1, elle met en place un réseau permettant d’accueillir et d’héberger ces réfugiés et participe aux filières d’évasion vers Lyon, Saint-Etienne et Annemasse. Elle est également chargée d’escorter, à bord d’une locomotive, des petits groupes de jeunes Juifs du Plateau jusqu’à la frontière Suisse que des passeurs leur font franchir clandestinement. Parfaitement consciente des risques qu’elle prenait pour les sauver, elle recrutait des volontaires pour l’aider et devait souvent se déguiser en mécanicien en noircissant son visage au charbon. Pour assurer la protection des réfugiés sur le Plateau, elle participe à la confection et à au trafic de faux-papiers, de documents ainsi qu’à la collecte de fonds assurant la survie des réseaux.
En janvier 1943, Mireille Philip transfert ses responsabilités à Pierre Piton. Elle rejoint alors la résistance armée et organise l’accueil des réfractaires au STO.
Après la guerre, son mari revient en France et devient membre de l’Assemblée consultative avant d’être réélu député. Il occupera par la suite diverses fonctions importantes, et sera notamment ministre plusieurs fois.
Mireille Philip évoque ses expériences au sein des opérations de sauvetages : « Finalement, c’est nous qui, en les aidant, avons reçu le plus d’eux. Il était tellement plus facile d’être à notre place qu’à la leur ; une place que nous avions choisie, et qui, à mon avis, était normale et privilégiée2 « .
Grâce à ses nombreuses actions et son courage, Mireille Philip reçoit, le 18 Mars 1976, le titre de « Juste parmi les nations ».
Jasmine Denogent
1 Le pasteur Theis est un pasteur protestant du Plateau et directeur du collège Cévenol, qui fut très actif dans la résistance. Il sauva de nombreux Juifs en les hébergeant, et incita ouvertement ses paroissiens à faire de même. Il a reçu en 1981 la médaille de Juste parmi les nations.
2https://yadvashem-france.org/les-justes-parmi-les-nations/les-justes-de-france/dossier-1028/
Super article, merci Jasmine pour ton investissement exemplaire cette année
Très beau portrait, merci pour ton travail
Bravo Jasmine de parler du rôle des femmes
Encore un autre portrait attachant sur le blog! Bravo Jasmine
Bravo Jasmine! Enfin.. le premier portrait de femme résistante du Plateau!