Lorsque nous sommes partis à 7h30, il était probablement trop tôt pour réaliser où nous nous dirigions vraiment. À l’entrée du premier camp d’Auschwitz, lorsque j’ai vu le portail principal, j’ai réellement pris conscience du lieu que j’allais visiter. Même si je connaissais la signification de l’inscription en fer forgé au dessus de nos têtes,« Arbeit macht frei » (Le travail rend libre), je me suis dit que nous foulions le même sol boueux, regardions le même portail que ces 1,3 millions de déportés morts dans ce camp, comme si nous prenions leur place à cet instant. Ce portail m’a beaucoup interpellée. En effet, cette inscription était comme un trompe-l’œil pour eux, alors que pour nous cette inscription était transparente car nous savions ce qui avait pu se passer à l’intérieur du camp, juste derrière ces hautes grilles.
Prisonniers ou visiteurs
Un pas lent dans les longs chemins du trépas.
Prisonniers ou visiteurs,
Vont tous là où l’on ne revient pas.
L’après-midi, la visite du camp d’Auschwitz-Birkenau m’a aussi beaucoup touchée. En effet, pour la première fois j’ai pu voir ce que j’avais appris. Et selon moi, il fallait voir : ces abris, ces hautes cheminées, ces grands rails, ces longues allées, avant tout pour y croire et surtout pour comprendre que tout cela était réel. Ce qui a étrangement retenu mon attention a été la biodiversité du camp ; en effet le camp de Birkenau nous a souvent été décrit avec ces couleurs : gris, marron, noir… Mais au premier regard, la présence de la verdure m’a frappée. Je m’étais imaginé le camp avec les teintes sombres de la mort alors qu’à l’emplacement du camp des tziganes, par exemple, l’herbe verte s’est installée, là où jadis les personnes tentaient de survivre dans ces tristes baraquements.
Vertes cendres
Là où leurs cendres se sont déposées,
L’herbe, les fleurs du printemps,
Les ont remplacées.
Soizic Delsalle
Encore une façon différente de rendre compte de ce voyage hors du commun, entre prose et poésie. Merci Soizic.