Il y a trois mois, Simone Perez nous a contactés via le blog pour nous faire savoir qu’elle avait connu Sophie Zimberlin, la sœur de Marie-Louise ; elle nous a aussi expliqué, qu’entre 1942 et 1944, Sophie avait caché des enfants juifs chez elle, chemin de Lopy à Avignon. C’est à partir de ce moment que nous avons commencé l’enquête.
Dans un premier temps, nous avons cherché à retrouver sa maison pour ensuite retrouver son cercle de connaissances durant cette période de la guerre.
C’est pourquoi nous avons décidé de nous rendre à Avignon, début mars, pour vérifier des points de l’histoire au 13 chemin de Lopy, villa Alsace-Lorraine, maison de Sophie.
Le mercredi matin, après avoir visité la maison de Sophie, nous sommes allées déjeuner chez Madeleine Chavez, qui a également connu Sophie et qui nous a confirmé qu’elle avait accueilli des enfants juifs pendant la guerre ; au cours de ce déjeuner, elle a réussi à nous donner quelques informations supplémentaires : la laiterie du Tronquet où Sophie allait chercher du lait pour les enfants ou encore des lits superposés installés pour les petits dans les chambres situées à l’étage de la maison.
Après avoir quitté Madeleine, nous nous sommes rendues au cimetière, pour voir la tombe de la famille Zimberlin :
- Le père Joseph Zimberlin : 1887-1928
- La mère Dorothée-Augustine, née Muhlhoff : 1862-1946
- Sophie Blanc, née Muhlhoff : 1864-1929, tante de Sophie et de la Zim
- Frédérique Dandine, née Muhlhoff (propriétaire des soieries Dandine à Avignon) : 1865-1947, tante de Sophie et de la Zim
- Joseph Dandine : 1857-1914, mari de Frédérique Dandine
- Marie-Louise, « la Zim » : 1889-1945
- Sophie : 1899-1980, soeur de la Zim
Nous savions, avant de partir que la famille Zimberlin -à Avignon- était très liée avec certains résistants qui sont partis en 1944 au maquis des Cévennes. Le jeudi, nous sommes donc allées à la préfecture du Vaucluse, à l’ONACVG (Office Nationale des Anciens Combattants Victimes de Guerre), où nous avons pu faire des recherches sur les personnes ayant vécu chemin de Lopy, d’après le recensement de 1936. Nous avons trouvé deux dossiers de personnes qui ont habité à côté de chez Sophie et qui ont des cartes de résistants »CVR ». Sophie était donc proche du réseau de résistance organisé par Me de Komornicka à Avignon.
L’après-midi, nous avons eu la chance d’aller travailler dans les archives du lycée Saint-Joseph avec un historien, Bernard Weisz, et madame Nitart, ancien professeur d’histoire-géographie maintenant conservatrice des archives du lycée. Avec Isaac Lewendel, B. Weisz a publié en 2013 un ouvrage qui s’intitule : Vichy, la pègre et les nazis aux éditions Nouveau Monde.
On a trouvé dans les listes des anciens élèves, des noms d’enfants juifs. Mais aucun n’avait un lien direct avec l’adresse de Sophie Zimberlin… dommage !
Pour conclure, nous avons passé deux jours au pas de course, alors ne croyez pas que nous sommes parties faire du tourisme car nous n’avons même pas eu le temps d’aller voir le pont ou le Palais des Papes !!!
Jusqu’à présent, nous avons trois témoins qui nous affirment que Sophie a bien caché des enfants juifs. Peut-être sont-ils précédemment passés par la ligne de démarcation puis par Cluny. C’est notre hypothèse… et nous nous interrogeons sans relâche sur cette question. Mais, comme on ne fait pas l’histoire avec des hypothèses, nous poursuivons nos recherches : elles ne pourront aboutir qu’en retrouvant au moins une personne juive hébergée au 13 chemin de Lopy entre 1940 et 1944 ou une source manuscrite. Nous appelons donc toujours les témoins ayant été hébergés à cette adresse à prendre contact avec nous !
Et l’enquête continue…
Cloé Fougerard
Merci Cloé de ce compte rendu de votre voyage en Avignon et de toutes les étapes de votre enquête. J’ai été particulièrement heureuse de la visite que vous avez réussi à faire chemin de Lopy, dans cette maison et ce jardin où je suis allée presque chaque été pendant vingt ans à l’occasion du festival de théâtre. C’était un lieu merveilleux où l’on trouvait fraicheur, » îles flottantes « , et tous les plaisirs de la conversation!
Merci de ce travail de recherche, où , en bonne historienne, vous savez non seulement mener une enquête mais faire revivre des personnes comme Sophie et Marie Louise Zimberlin..
Encore bravo pour vos recherches, vous réalisez un véritable travail d’historien à la recherche d’archives et de témoignages, félicitation pour ce magnifique travail de mémoire.
Bravo et merci Cloé pour nous faire partager ces deux jours intenses comme si nous étions du voyage .
Je formule le voeu que ce n’est là que le début de votre enquête et que le voile se lève sur vos hypothèses .
Très bon texte,
Quelle histoire, c’est tellement agréable de voir des jeunes mener cette enquête.
Bravo Cloé
Bon courage pour la suite !!!!!!!!!!!!
Bravo à vous pour cette enquête, un vrai travail d’historien…
Merci Cloé pour votre réel engagement dans l’enquête et cet article qui résume bien nos deux jours « au pas de course » dans la cité des Papes.
Nous connaissions l’engagement de la Zim à Cluny mais, en effet, nous allons de découverte en découverte en ce qui concerne Sophie et sa mère à Avignon.
Et maintenant nous comprenons mieux que la phrase, gravée sur le tombeau au cimetière St Véran à Avignon, parle de l’engagement de toutes les femmes de la famille : la Zim, Sophie et leur mère Dorothée.
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner la vie pour ses amis » (St-Jean, XV, 12-16)