Madeleine Dreyfus fait partie de ces grandes figures féminines qui ont pris part à la résistance en faisant l’impossible pour protéger les autres.
Avant la guerre
Madeleine Dreyfus -née Kahn- en 1909 en Alsace, est d’origine juive. Elle commence par suivre des études de secrétaire puis elle s’intéresse à des cours d’éducation nouvelle et de psychologie. Elle épouse en 1933 Robert Dreyfus et vient s’installer à Paris. Elle apprécie particulièrement de s’occuper des enfants mais en 1940, elle est obligée de quitter son poste d’institutrice avec la mise en place des lois antijuives alors qu’elle ne l’occupait que depuis dix mois. Avec l’instauration des lois de Vichy en 1941, la famille quitte Paris clandestinement, pour rejoindre Lyon.
Pendant la guerre
Au cours de l’année 1941, l’assistante sociale-chef de l’Œuvre de Secours aux Enfants à Lyon l’embauche au bureau de l’OSE pour remplacer la cousine de Madeleine qui part au Brésil. Elle y assure une consultation de psychologue ; c’est un travail légal et officiel. Elle a à ce moment là deux enfants et un troisième verra le jour pendant la guerre. S’il est difficile d’établir précisément les dates des différentes activités de Madeleine Dreyfus en lisant son témoignage rédigé en 1983, il apparaît certain qu’il y eut pour elle à la fois des rencontres et des épisodes décisifs. Mais Madeleine ne se contente pas de son travail à l’OSE. Elle rejoint alors la résistance avec la Sixième, le réseau clandestin des Éclaireurs Israélites. Dans ce réseau, elle transporte des faux papiers et cherche des lieux d’accueil pour les réfugiés.
Après l’été 1942, l’OSE met en place un réseau de sauvetage clandestin s’appelant le réseau Garel. Ce réseau œuvre pour cacher des enfants ou bien les faire passer en Suisse où ils seront plus en sécurité. Au sein de ce réseau illégal, Madeleine est chargée de trouver les hébergements afin de dissimuler les enfants. C’est dans le cadre de son rôle dans le réseau Garel qu’elle entre en contact avec des gens du Chambon-Sur-Lignon grâce à des connaissances de Saint-Étienne. Au Chambon, elle est en relation avec Mme Deléage qui centralise les informations : quels fermiers seraient prêts à se charger d’enfants, etc … Les enfants amenés par Madeleine étaient déposés à l’hôtel May, avant d’être dispersés sur le Plateau. Afin de garder une trace de tout ses actes, elle tient un carnet avec les vrais et les faux noms de toutes les personnes qu’elle cache ainsi que leur lieu de placement. Ainsi, 102 enfants furent sauvés de la déportation.
Malheureusement, elle fut arrêtée en novembre 1943 par la Gestapo, uniquement car elle était Juive mais sans aucun document compromettant sur elle. Suite à son arrestation, elle est envoyée au camp de Drancy où on lui conseille de cacher sa religion et de se faire passer pour une épouse de prisonnier de guerre. Malgré ce mensonge, elle est envoyée au camp de concentration de Bergen-Belsen à la fin du mois de mai 1944. Elle y restera un an et sera libérée par les Russes en mai 1945.
Après la guerre
Après sa libération,Madeleine Dreyfus rédige en 1950 une étude consacrée à la psychologie du déporté, qu’elle présente à la Faculté des Lettres de Paris. Puis ce sera son intérêt partagé entre la psychologie et l’éducation sociale qui va dominer, jusqu’à la fin de sa vie. Elle décédera en 1987.
On se souvient d’elle aujourd’hui comme quelqu’un qui donnait le meilleur d’elle-même et prenait des risques énormes en gardant des traces de ses actes résistants afin de protéger un maximum de personnes.
Une très grande dame, qui voyait dans les enfants dont elle s’occupait, un futur plus rayonnant.
Adrien Rastello
Très beau portrait et exemple de persévérance.
http://www.ajpn.org/personne-Dreyfus-Madeleine-2344.html#deposertrav
Ce travail mérite d’y être déposé, je trouve.
Il est facile de s’inscrire sur le site de l’AJPN et de déposer des articles. Adrien saura faire et il peut encourager ses camarades à faire de même. Leur travail sera ainsi encore plus reconnu et ils le méritent.
Bravo Adrien pour votre présentation de MD.
Ce portrait est lumineux…cette femme était certainement lumineuse.
Merci, Adrien, de nous avoir transmis sa lumière !
Et d’accomplir ainsi le devoir de mémoire…