Je m’en veux d’être là et de visiter cet endroit comme on visiterait n’importe quelle ville.
Qu’est ce qu’on va faire après ?
Manger une glace, acheter une carte postale, prendre une dernière photo et repartir pour visiter le village d’à côté ?
Et pourtant les seules personnes qui ont vraiment vécu ici y sont presque toutes restées définitivement sans en avoir le choix.
En fait, je m’en veux de pouvoir être libre ici.
Mais qu’est ce que je fais là ?
Claire Weymuller
Oui Claire il faut visiter pour comprendre ,
comprendre jusqu’à l’incompréhensible , l’ignominie…
Tout ça pour luter contre l’obscurantisme et pouvoir offrir à tous la liberté chérie.
Alors surtout ne t’en veux pas ! ce voyage et ce projet oeuvre en ce sens.
Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.
Fenêtres de ma chambre,
de ma chambre dans la fourmilière humaine unité ignorée
(et si l’on savait ce qu’elle est, que saurait-on de plus ?),
vous donnez sur le mystère d’une rue au va-et-vient continuel,
sur une rue inaccessible à toutes les pensées,
réelle, impossiblement réelle, précise, inconnaissablement précise,
avec le mystère des choses enfoui sous les pierres et les êtres,
avec la mort qui parsème les murs de moisissure et de cheveux blancs les humains,
avec le destin qui conduit la guimbarde de tout sur la route de rien.
Je suis aujourd’hui vaincu, comme si je connaissais la vérité;
lucide aujourd’hui, comme si j « étais à l’article de la mort,
n’ayant plus d’autre fraternité avec les choses
que celle d’un adieu, cette maison et ce côté de la rue
se muant en une file de wagons, avec un départ au sifflet venu du fond de ma tête,
un ébranlement de mes nerfs et un grincement de mes os qui démarrent.
Fernando Pessoa
Tes dernières lignes sont très belles. Merci pour le dessin.
annie dufy