Lorsque l’on visite Auschwitz-Birkenau, notre réaction n’est jamais celle que l’on aurait imaginée. Chacun réagit différemment, à sa manière, mais personne ne peut savoir avant de véritablement se retrouver devant ce lieu de souffrance. De même, la réaction des survivants à la Libération n’est pas celle que l’on aurait pu imaginer. Comme s’ils n’osaient croire en l’espoir de sortir. Mais pourquoi est-ce qu’ils ne pouvaient, même après avoir repris une vie « normale », entièrement accepter cette liberté ?

On ne peut pas se mettre à leur place, mais je peux affirmer que même en ayant visité cet endroit pendant seulement quelques heures, on en sort changé. 

En passant devant les montagnes d’affaires d’anciens détenus, j’essayais de rendre réelle la personne à qui ces chaussures, cette valise, ou même cette poupée appartenaient. De retracer sa vie jusqu’ici. Mais c’était impossible à imaginer, encore moins à comprendre. 

« Comprendre la “logique” Nazi reviendrait à humaniser leur folie »

Sans la présence de barbelés, Auschwitz I pourrait ressembler à un petit village. Mais quelque chose dans l’air, une énergie, comme si chaque personne étant passée par ici avait laissé une partie d’elle-même, nous rappelle toute l’histoire de ce lieu. Et c’est peut-être ça qui empêche certains de réellement être libérés de ce camp.

Lorsque j’ai quitté cet endroit, j’étais sans voix. Je ne pouvais physiquement pas parler ou sourire, ni même pleurer. Je ne ressentais rien mis à part un poids énorme sur mes épaules, et un sentiment de futilité face à l’horreur.

C’est au moment où l’on quitte Auschwitz, lorsque l’on passe sous le célèbre “Arbeit macht frei”, que l’on peut seulement commencer à comprendre les différentes réactions des survivants ; que ce soit l’amertume et la désillusion, décrites par Viktor Frankl, ou, au contraire, une nouvelle joie de vivre que l’on a pu ressentir au travers des témoignages que nous a apportés ce projet.

Jasmine Denogent