Voici des exemples de réseaux de sauvetage des enfants juifs en Bourgogne :
- Organismes structurés
- Villages et Régions
- Actions individuelles
- Les passeurs
- Témoignage de Micheline R.
- Le quotidien des enfants cachés
ORGANISMES STRUCTURÉS
CIMADE (Comité Inter Mouvements Auprès Des Évacués)
Organisation protestante qui vient en aide aux réfugiés Lorrains et Alsaciens dès septembre 39.
Soulage les internés surtout à Gurs. À partir de 42, la CIMADE entre dans la clandestinité afin de sauver les Juifs des camps de la mort.
OSE (Œuvre de Secours aux Enfants)
- Organisation officielle juive créée en 1912.
- En août 1942, quand les rafles arrivent en zone libre, l’OSE décide de créer une branche clandestine pour cacher les enfants juifs.
- Ce réseau est confié aux lyonnais ( le réseau GAREL).
- Le réseau GAREL est la seule structure exclusivement destinée au sauvetage des enfants.
Amitié chrétienne du père Chaillet (1900-1972)
- Opère à partir de Lyon avec le soutien du cardinal Gerlier.
- A permis l’exil de 12 000 Juifs vers l’Espagne et de 10 000 vers la Suisse.
- En août 42, les militants font tout leur possible pour prévenir les Juifs de l’imminence des rafles.
- Le 26 août -lors d’une rafle- l’association a réussi à faire sortir 108 enfants et les a mis à l’abri.
Réseau André ou groupe d’action contre la déportation
- Réseau créé par Joseph Bass
- Permet de sauver des centaines de Juifs étrangers.
- De nombreux prêtres et pasteurs participent à ce réseau.
- Ils dirigent les réfugiés vers l’Italie puis vers la Suisse et l’Espagne.
VILLAGES OU RÉGIONS
Des villages entiers se mobilisent pour venir en aide aux persécutés. Notamment dans :
- Les Hautes-Alpes
- La Haute-Loire
- L’Isère
- Le Gers
- Le Tarn
- La Drôme
Chambon-sur-Lignon
En Haute-Loire, le village protestant de Chambon-sur-Lignon et les communes de Vivarais-Lignon ont permis de sauver des milliers de personnes, dont de nombreux Juifs.
Les Protestants sont très sensibles au sort des Juifs, leurs ancêtres ayant subi eux-mêmes des persécutions quatre siècles auparavant.
On estime à 3 500 le nombre de Juifs passés et sauvés par le village.
Avec Nieuwlande (Pays-Bas), Chambon-sur-Lignon est le seul village à avoir reçu le statut de « Juste parmi les Nations » en 1988.
La Sarthe et la Drôme
Le département de la Sarthe est celui qui a accueilli le plus d’enfants juifs.
Celui de la Drôme est également réputé pour avoir recueilli beaucoup d’enfants.
ACTIONS INDIVIDUELLES
- Aristide De Sousa Mendès (1885-1954)
À la demande du rabbin Haim Kruger réfugié de Belgique et malgré l’interdiction du gouvernement portugais, Aristide de Sousa Mendès –diplomate Portugais en poste à Bordeaux depuis mai 1940- permet à 10 000 Juifs et environ 20 000 réfugiés de gagner le Portugal puis l’Espagne neutre.
Il fait partie des diplomates courageux qui bravent les interdits en distribuant un grand nombre de papiers officiels et de visas.
- Madame Clément
C’était une assistante sociale qui durant la guerre a caché dans les départements de la Sarthe, de l’Orne, de l’Oise, de la Seine-et-Oise et de l’Ille-et-Vilaine environ 170 enfants juifs.
Elle leur rend régulièrement visite pour « surveiller la scolarité, consoler les chagrins, réprimander les fortes têtes et entretenir avec les enfants une liaison qui leur faisait sentir qu’ils étaient aimés. »
LES PASSEURS
- Le réseau Grenier-Godard
On évalue à 8 000 le nombre de personnes passées par ce réseau en 25 mois.
Le réseau a été créé par l’infirmière dijonnaise Mme Grenier-Godard.
Son réseau de passeurs s’avère très utile, dans l’aide aux persécutés notamment. Il s’agit de l’un des réseaux de Côte-d’Or les plus efficaces dont les activités principales consistent à fabriquer de faux papiers et à faire passer des pourchassés.
Les passeurs embarquaient clandestinement des familles juives vers la zone libre. Afin d’y arriver, ils leur procuraient de faux papiers puis les passeurs accompagnaient les familles.
Les dossiers concernant le réseau Grenier-Godard montrent qu’il était très actif dès 1940. Il était parfois en relation avec d’autres réseaux dont les cheminots de Perrigny.
Mme Grenier-Godard est arrêtée le 25 juillet 1942. Elle est internée à Dijon, Fresnes, Cologne et enfin Buchenwald. Après avoir subi maintes tortures et expérimentations (piqûres au cœur par exemple), elle est rapatriée en France le 8 mai 1945. Elle a obtenu la médaille de la Résistance.
- Les réseaux Nivernais
Les résistants Nivernais mettent en place des réseaux d’évasions.
Les principaux sont le réseau Pat O’Leary et le réseau de « l’armée volontaire »
Pendant un jour ou deux , les personnes souhaitant franchir la ligne sont hébergées à l’hôtel du Paon chez un certain « Fredo » puis des résistants les amènent tout près de la ligne. Là, ils sont pris en charge par des passeurs. Certains clandestins passent en barque tandis que d’autres franchissent la ligne de démarcation à la nage.
Le dossier des médaillés de guerre des archives départementales de la Nièvre évoque de nombreux passeurs sans entrer dans les détails de la plupart des actes opérés, en particulier, sans indiquer si ceux qui ont été aidés étaient Juifs ou non.
- Les cheminots
Les cheminots ont été d’actifs résistants durant la guerre et ont organisé des filières de passage très efficaces notamment en Côte-d’Or et dans la Nièvre.
Par exemple les cheminots de Dijon sont les seuls en France à avoir fait grève à la suite de l’arrestation de leurs collègues le 26 novembre 1943.
- Passeurs « individuels »
Parfois les passeurs n’appartiennent à aucun réseau et œuvrent seuls.
Évoquons par exemple le cas de :
- Vincent Jacquet qui aide des juifs dijonnais à fuir en zone libre.
- Le chanoine Kir (1876-1968) a fait passer la ligne de démarcation à de nombreux Juifs et a fabriqué de faux certificats de baptême.
TÉMOIGNAGE DE MICHELINE R.
Micheline se rappelle avec émotion les moqueries d’une de ses camarades lorsqu’elle dut porter l’étoile :
« En juin 1942, c’est le port de l’étoile. Moi j’ai sept ans et je sens bien que c’est pas normal que j’aie à porter ce machin là sur mon gilet. Je ne suis pas très contente et quand j’arrive à l’école il y a eu une camarade de classe qui a commencé à se moquer de moi en me disant « Ah ! La Juive! Ah ! La Juive ! » On s’est battues, et l’institutrice est venue, elle nous a séparées, et elle lui a dit: « C’est très mal ce que tu fais là. Tu ne sais pas ce que tu fais. » . C’est à ce moment là que mon amour pour la France est apparu. »
Micheline échappa à la rafle de Vel d’hiv et a pu survivre grâce à une tante qui les a emmenées elle et sa mère.
LE QUOTIDIEN DES ENFANTS CACHÉS
- Les difficultés
Des centaines d’enfants Juifs ont été sauvés en étant dissimulés au sein de familles.
Mireille est un bon exemple pour illustrer les difficultés auxquelles sont confrontés les enfants juifs. Les gens chez qui elle était placée sont brutaux et injustes.
Elle est comme prisonnière dans cette maison. Alors du haut de ses 4 ans, elle perd la gaieté qu’elle avait quand elle vivait auprès de ses parents pour passer à une vie qui se résume à : aider au ménage, tirer de l’eau du puits, mener la charrette, aller à l’école dès qu’elle en a l’âge et chercher du bois.
Voici avec quelle violence l’enfant est traitée.
- Mais il y a aussi :
- L’absence des parents
- La peur qui n’a pas quitté l’enfant depuis la guerre
- Des moments formidables. Il n’y avait pas que de mauvaises familles mais aussi de très bonnes qui prenaient soin des enfants accueillis et qui les traitaient comme leurs propres enfants.
- La campagne était un univers merveilleux pour des enfants venant souvent des villes.
- Malgré la guerre, l’absence des parents et la présence des allemands, les enfants cachés se souviennent de moments heureux où ils ont pu, l’espace d’un instant, oublier la peur et le mensonge.
Sources :
Philippe Julie, « L’aide et le sauvetage de la population juive dans le département de la Nièvre et de la Côte-d’Or »
Yagil Limore, « Typologie du sauvetage des juifs dans le département de la Sarthe. », Guerres mondiales et conflits contemporains 4/2009 (n° 236) , p. 97-119
Mélanie Mulot
Le château d e la princesse belge d e Crouy a-t-i été un des éléments des lieux de séjour des enfants juifs pendant la 2e guerre mondiale ?
Nièvre, Saint Benin d’Azy, château de la Princesse de Crouy
Quel beau travail de synthèse! fouillé et accessible à la fois, un vrai travail de journalisme citoyen, qui soigne la forme sans détriment sur le fond.
Beau travail Mélanie