Ida Grinspan n’a pas pu venir témoigner à Cluny mais elle nous écrit ces quelques lignes sur sa déportation.
J’ai été arrêtée à 14 ans le 31 janvier 1944 dans les Deux-Sèvres par trois gendarmes français à minuit puis déportée à Auschwitz le 10 février où j’ai échappée à la première sélection grâce à la coiffure de jeune fille que m’avait faite ma mère la dernière fois que je l’avais vue en avril 1942.
Elle a été déportée à Auschwitz le 27 juillet 1942 et elle n’est pas revenue.
Au camp d’Auschwitz j’ai été affectée dans des groupes de travail très durs (pour mon jeune âge). La nourriture était réduite au minimum, il n’y avait aucune hygiène ; nous étions couvertes de poux et de vermine.
Pendant les longs hivers nous étions très peu couvertes et nous avions un dimanche sur sept de repos.
Les coups pleuvaient pour un rien, les Kapos se déchaînaient sur nous. Le pire étaient les sélections durant lesquelles nous avions peur d’être envoyées à la chambre à gaz.
Le 18 janvier à l’approche des russes nous avons été évacuées du camp et là a commencé une marche à pied qui a duré 3 jours sans nourriture aucune, nous avons mangé de la neige ! Cette marche a été surnommée « La marche de la mort » car les personnes qui ralentissaient étaient tuées sur place.
Ensuite nous avons été dirigées en train sur Ravensbrück et un mois après sur Neuschtadt et c’est là que le 2 mai 1945 nous avons été libérées par les Russes et soignées dans un hôpital de la ville pendant un mois.
J’ai été rapatriée dans un avion canadien le 30 mai 1945.
A mon retour en France, je n’ai retrouvé ni mon père ni ma mère, c’est ce qui a été le plus difficile pour me reconstruire.
Ida Grinspan
Pour en savoir plus, vous pouvez lire son ouvrage « J’ai pas pleuré » et regarder son témoignage :