Pour nous, les vacances sont toujours propices aux rencontres improbables. En décembre, nous étions parties sur les traces de Berty Albrecht ; en février, nous participons au montage de l’expo aux Écuries Saint-Hugues et, hop, petit détour par la librairie ancienne de Nicole Nicolas, partenaire de notre projet.
Montage des expositions aux Écuries Saint-Hugues, 24 février 2016. © C. Clergue
Née en avril 43, Nicole est originaire des monts du Lyonnais et elle en garde d’émouvants souvenirs, choyée par un grand-père qui lui ouvre les yeux sur la nature et qui lui raconte La chèvre de M. Seguin, version, c’est la chèvre qui mange le loup. « Ça constitue un caractère d’avoir un pépé pareil », nous confie-t-elle. Scolarisée plus tard chez les Jésuites, c’est là qu’elle « apprend à penser par elle-même », à «ne jamais mépriser les autres. » Après mult détours, et notamment le droit, elle tombe sous le charme de Cluny. C’est là qu’elle ouvrira sa librairie car, nous dit-elle, avec les livres, on a tous les jours la chance, non pas d’entasser des connaissances, mais de comprendre. « Je suis plus attachée à l’Histoire qu’à la littérature en général. La littérature actuelle, à mes yeux, n’est que le reflet de notre société en pleine déliquescence. Or l’être humain a besoin de transcendance et cette volonté de tout vouloir désacraliser n’est qu’un crime contre l’esprit », poursuit-elle.
Après avoir passé plus de deux heures à l’aider à installer la vitrine liée à notre projet Matricule 35 494, à feuilleter ses livres, à l’écouter parler d’histoire, d’économie, de politique et de ses auteurs préférés (Baudelaire, Machiavel, Maupassant et Colette), on repart fort de ses conseils : il nous faut absolument lire Bernard Lazare et son histoire de l’antisémitisme[1] et La douleur de Marguerite Duras, le seul livre qui l’a fait pleurer.
La vitrine terminée © C. Clergue
Mais, à bien y regarder, on pourrait également lire tous ceux qui sont dans sa vitrine car Nicole connaît bien le sujet qui nous intéresse. Comme nous, soyez curieuses et osez pousser la porte, vous asseoir, feuilleter et écouter.
Nicole dans sa boutique © Léa Aujal
Ravies, nous quitterons la boutique avec une phrase qui résonne encore dans nos têtes : « Il n’est pas possible d’avoir une conscience politique sans mémoire historique. »
L. Aujal, C. M, A. Condemine, C. Clergue
[1] « L’antisémitisme : son histoire et ses causes » en deux volumes, édition de 1934.
A voir absolument !