Dans ce second roman, Francine Christophe nous raconte humblement sa vie après être revenue des camps. Il faut rappeler qu’en tant que fille de prisonnier de guerre elle n’a pas subi le même sort que les autres enfants. C’est l’objet de son premier roman « Une petite fille privilégiée » (pour plus d’informations se référer à l’article de Rivka).
Cependant, ce roman n’est pas une autobiographie linéaire. Francine Christophe nous dévoile ici un aspect trop peu connu de la déportation, l’après.
Elle expose donc comment elle a grandi dans une France restée très antisémite. Pas facile de se forger une place dans une société d’après-guerre qui ne laisse guère de place aux anciens déportés… « Cette petite fille privilégiée », écorchée par des mois de déportation où elle a côtoyé la mort chaque jour, doit réapprendre à vivre. Elle expose donc sa vie de jeune fille, de jeune femme, son mariage, sa vie de famille et son engagement en tant qu’ancienne déportée auprès de groupes scolaires. Nous la suivons également au travers de ses voyages et notamment en Allemagne sur les traces de sa déportation, où les souvenirs douloureux refont surface. Elle nous confie : « Je me dois d’être belle là où je n’étais qu’un Schwein (=porc). Je m’impose donc une épreuve dont je ressens le besoin. Je me dois et je dois aux autres de présenter mon bonheur là où ce mot n’existait pas ».
Pour toutes ces raisons je vous recommande donc la lecture de ce livre pour en savoir plus sur le devenir des déportés après la guerre. Ce sujet étant souvent occulté, c’est un témoignage assez rare qui mérite toute notre attention.
Marie Lévêque – Première