Charlotte est le portrait d’une artiste de génie, peintre, née en 1917 dans une famille juive. La première phrase du roman, « Charlotte a appris à lire son prénom sur une tombe », semble déjà nous annoncer un destin tragique. Charlotte passe son enfance à Berlin où elle est hantée par une tragédie familiale :
« Il y a eu la mère de ta grand-mère.
Elle a essayé de se tuer tous les jours.
Pendant huit ans, tous les jours, oui !
Et puis il y a eu son frère… »
S’ensuit le suicide de la fille du frère de la grand-mère, l’oncle de la grand-mère, sa sœur et le mari de sa sœur, son neveu. Et puis sa tante Charlotte, sa mère, et plus tard, sa grand-mère.
« En 1933, la haine accède au pouvoir » ; Charlotte, son père, Albert Salomon, et sa belle-mère, Paula, sont victimes des premières humiliations. La peinture entre alors dans la vie de la jeune femme, et elle intègre les Beaux-arts de Berlin, malgré les lois anti-juives qui l’excluent progressivement. Les événements s’enchaînent alors : Nuit de Cristal, Munich, la guerre. Charlotte doit tout quitter et s’exiler en France où elle rejoint ses grands-parents.
En 1940, la grand-mère de Charlotte se suicide à son tour et Charlotte est internée avec son grand-père dans le camp de Gurs. Après sa libération, elle compose son œuvre autobiographique « Leben? Oder Theater? » (Vie ? Ou Théatre ?).
Charlotte Salomon est déportée peu de temps après, en octobre 1943, à Auschwitz. Elle est tuée à l’âge de 26 ans, dans les chambres à gaz, alors qu’elle est enceinte.
Charlotte est aussi le récit d’un écrivain hanté par une artiste. Quand David Foenkinos découvre par hasard Vie ? Ou Théâtre ? Charlotte Salomon « devient [son] obsession. »
Foenkinos a d’ailleurs choisi d’écrire ce livre sous une forme très particulière ; des vers libres et courts qui peuvent repousser à première vue. Il explique ce choix à l’intérieur du roman :
« J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.
Je me sentais à l’arrêt à chaque point.
Impossible d’avancer.
J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.
Alors j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi. »
Ce choix d’écriture donne à l’histoire un humanisme, une puissance que je n’ai jamais ressentis dans un livre auparavant.
Bouleversante, l’histoire de Charlotte Salomon se lit d’une traite ; je la conseille fortement.
Jasmine Denogent – Seconde
C’est très touchant ce que dit Jasmine, merci !!
David Foenkinos