« La vie est une salope qu’il faut chérir de toutes ses forces. Vis ma fille, prends le bonheur dans chaque instant et pleure les morts sans les rejoindre si ce n’est pas encore ton heure, c’est la moindre des dignités. »
« (…) ce grand désir qui nous tire du lit chaque matin dans l’appétit de vivre même quand le sens de cette existence ne paraît ni donné ni évident, qui accompagne continûment les enfants parce que, n’étant pas encore entravés
par les angoisses et les douleurs, ils manifestent ce que nous sommes originellement : énergie et élan, capacité d’étreindre, d’être présent au lieu et au moment. Mais les adultes ont une marche plus heurtée, tous ne témoignent pas d’une organisation heureuse et j’en connais qui ne présentent aucune disposition à l’émerveillement- celle-ci s’acquiert tôt, et à qui l’on n’a jamais dit Regarde, Ecoute, il sera plus difficile d’y accéder. »
« C’est le plus instruit qui améliorera la société ; pour l’améliorer, il faut d’abord en faire la critique, et nous fournissons les outils nécessaires. Naturellement, les étudiants les plus brillants commenceront à améliorer la société en nous critiquant. »
« Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d’un sentiment puissant; pendant un instant, il ne doit plus penser qu’à tout ce qu’il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer. »
« Que peut-on faire dans de telles circonstances ? Accepter, et passer à autre chose. Je vous en prie. Rappeler-vous toujours de ça : le secret de la survie est l’acceptation du changement, et l’adaptation. En d’autres termes : « Tout s’effondre et se reconstruit, joyeux est celui qui reconstruit. » (…) « On ne peut tracer des lignes, délimiter des compartiments et refuser de les franchir. Il faut parfois utiliser ses échecs comme marchepieds vers le succès. Maintenir un bon équilibre entre l’espoir et le désespoir. » Il s’arrêta et considéra ce qu’il venait de dire. « Oui, répéta t-il. Au bout du compte, tout est une question d’équilibre.
« Je me dis parfois qu’écrire c’est instaurer un paysage. Les îles, et plus encore les îles désertes, sont pour cela des matériaux de haute volée, leur statut géologique amorçant déjà une écriture, portant un récit.
sur la mer, les îles surgissent comme des creusets à fictions, ou des aimants dispersés sur l’imaginaire. »
« J’avais souvent rencontré dans ma vie, et sous des cieux divers, des nomades en marche. Mais les plus déshérités et les plus humbles avaient toujours un bagage, si pauvre et primitif qu’il fût, et porté par des animaux de bât, au moins quelques bourricots exténués. Les Masaï, eux, allaient sans un paquet, sans un ballot, sans une toile pour les abriter, ni un ustensile pour préparer la nourriture, sans une charge, sans une entrave (…) Ces femmes sous leurs cotonnades en guenille, ces hommes dénudés plus que vêtus par le morceau d’étoffe jeté sur une épaule du côté où ils tenaient leur lance – tous, ils allaient le rein ferme, la nuque droite et le front orgueilleux. Des rires et des cris violents couraient le long de leur file. Personne au monde n’était aussi riche qu’eux, justement parce qu’ils ne possédaient rien et ne désiraient pas davantage. »
« Le loup est affreusement mal à l’aise. Pour rien au monde, il ne détournerait la tête. Pas question de se remettre à marcher. Résultat, son œil s’affole de plus en plus. Et bientôt, à travers la cicatrice de son œil mort, apparaît une larme. Ce n’est pas du chagrin, c’est de l’impuissance et de la colère.
Alors le garçon fit une chose bizarre. Qui calme le loup, qui le met en confiance. Le garçon ferme un œil.
Et les voilà maintenant qui se regardent, œil dans l’œil, dans le jardin zoologique désert et silencieux, avec tout le temps devant eux. »